Divertissement

Publié le par Supermeuh

A mon grand désarroi parfois, je fais partie de cette frange infime de la population qui passe son temps à se faire des noeuds au cerveau, et qui flippe à mort pour un oui pour un non.

 

Parfois, c'est bien, c'est productif, et du coup, ça fait plaisir à mes lecteurs qui ont des choses à lire, conséquence naturelle de mes angoisses existentielles et autres réflexions qui font avancer - un peu - le schmilblick.

 

A d'autres moments, c'est juste une plaie d'avoir toujours le cerveau en ébullition constante pour le meileur et pour le pire (et surtout pour le pire!), de toujours imaginer, envisager, projeter, et bien sûr, angoisser, car quand on extrapole mille possibilités sur notre futur plus ou moins proche, on se fait toujours des films catastrophes, c'est une seconde nature, ou même une première nature!

 

  Enfant, je gérais ce trop-plein d'imagination dramatique par la mise en surtension des canaux d'informations : ainsi, je faisais mes devoirs la télé allumée (sans le son), avec la musique de la radio (" Je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître", où la radio FM faisait ses premiers pas!). Le silence n'avait pas sa place dans mon environnement, puisque la télé était allumée de 7h du matin à 23h chez moi, durant ces années 80 tellement  expertes pour nous déverser des tonnes de merde décérébrantes dans la face à longueur de journées.

Bah n'empêche, c'était hyper reposant, ce bruit.

ça m'empêchait de trop penser, je restais à un niveau d'élaborations de scénarios multiples raisonnable.

 

Aujourd'hui, il y a eu du changement dans ma vie, et pas mal d'eau à couler sous les ponts, et mes facultés de concentration se sont un peu émoussées, pour être honnête ;-)

Soit je discute avec mes enfants, soit je regarde la télé. Soit je discute avec mes amis, soit j'écoute la musique. Plus aussi facile de ne pas avoir mon unique cerveau en surchauffe, au milieu de mes deux oreilles.

Enfin là, quand-même, en même temps que j'écris, il y a trois enfants dans la même pièce, et une VOD à la télé... mmmmhhh. Mais j'ai perdu des capacités :-)

 

N'empêche. Parfois, souvent, ça s'emballe un peu encore là-dedans, ça part au galop. Et alors, j'ai recours à des subterfuges, plus ou moins sérieux, plus ou moins intello, plus ou moins classieux.

 

Enfant, ado, jeune adulte, et adulte moins jeune, la lecture est  et a été toujours été pour moi un échappatoire de choix à la réalité. J'ai dévoré mille et mille livres, plaisir solitaire qui m'a emportée dans des univers parallèles, en compagnie de personnages qui ont eu parfois plus de corps pour moi que bien des êtres humainement rencontrés. J'ai pleuré de les perdre en refermant la dernière page, je me suis languie de pouvoir lire une suite, pour m'envoler encore, et me trouver à leurs côtés, mes amis sans existence, mais si riches et vivants à mes yeux et à mon coeur esseulé.

 

Mais en même temps, je suis issue d'une culture populaire, et la télé a été proprement omniprésente dans mon quotidien jusqu'à ce que je quitte le foyer familial.

Parfois, je replonge dans cette addiction facile, l'hiver, ou quand je suis fatiguée, ou... enfin, j'ai plein d'excuses, n'en doutez pas.

A la fac, on regardait Urgences et X-files.

La théorie du complot et les extra-terrestres, c'est bon, j'ai décroché.

 

Il y a quelques semaines, voilà ti pas que je me suis surprise à regarder Urgences, voire à ATTENDRE Urgences, l'après-midi, comme un rendez-vous avec des amis depuis longtemps perdus de vue. C'est con, hein,  quand-même, de se calmer la tête devant Urgences.

Au point que ce lundi, eh bien je me suis trouvée bien marrie, d'avoir patienté tout le week-end pour retrouver ma série, et de me retrouver le bec dans l'eau, tout simplement parce la chaîne qui diffuse avait décidé de changer la programmation, hop, comme ça, sans prévenir.

Mais c'est que ça m'a manqué, à moi, de prendre mon petit calmant de communauté fictive pour éteindre le feu des angoisses du quotidien...

 

Et je me rends compte à quel point parfois, allez, soyons fous, souvent,  pour mes enfants qui sont affligés du même cerveau infernal que moi et que leur père (qui, lui, préfère divertir son esprit tourmenté de préoccupations plus profondes en jouant à l'ordinateur jusqu'à plus soif), car oui, nous sommes une familles de pénibles,  l'ordinateur et sa copine la télé sont autant de manière de se "focaliser", de se concentrer sur des choses vaines et inconsistantes, mais qui les empêchent de tourner en rond dans leur petite tête d'enfants toutes ces pensées sources de doutes, d'angoisse, d'échaffaudages dangereux sur l'éventail des possibles.

D'un côté je les comprends, et je partage, et d'un autre, je ne peux accepter de les laisser s'enfermer dans ces paradis artificiels, qui prennent de plus en plus de place si on n'y prend garde.

 

Alors on y va par doses homéopathiques, un peu du doux poison de l'inconscience à la fois, pour apaiser les plaies vives, mais sans accepter l'abrutissement. Enfin, je crois.

 

Tout l'art du divertissement, en somme, ou comment se détourner l'esprit de la vanité de l'existence humaine... (Pascal, sors de ce corps!)

 

Publié dans dans l'étable

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